OGM

17 janvier 2012, par WA

- L’Empire contre attaque

Wikileaks révèle les détails d’une offensive US visant l’Europe
11 janvier 2012.

De nouveaux câbles diplomatiques américains publiés par Wikileaks révèlent
une offensive concertée - en lien étroit avec le gouvernement espagnol -
allant jusqu’à des représailles, pour obtenir que l’UE revienne sur ses
décisions concernant les OGM. Au premier rang des « coupables » la France
était tout particulièrement ciblée. Les USA ont également déployé de
nombreux efforts en direction du Vatican, espérant obtenir du Pape une
déclaration publique en faveur des OGM. On découvre aussi dans ces
documents que diplomates, gouvernement et dirigeants de Monsanto
travaillaient main dans la main sur cet dossier jugé comme « stratégique »
pour les USA.

*Par John Vidal, Guardian, 3 janvier 2012 (extraits) *

L’ambassade américaine à Paris a recommandé à Washington de déclencher une
offensive de guerre commerciale contre tout pays de l’Union Européenne
s’opposant à l’introduction des organismes génétiquement modifiés (OGM),
révèlent de nouveaux câbles diplomatiques publiés par Wikileaks.

En réponse à la décision de la France d’interdire une variété de maïs OGM
de Monsanto, fin 2007, l’ambassadeur, Craig Stapleton, ami et partenaire en
affaires de l’ancien président américain George Bush, a
demandé<http://213.251.145.96/cable/2007/12...> à
Washington de pénaliser l’Union européenne et en particulier les pays
qui
n’approuvent pas l’utilisation des cultures OGM.

« L’équipe de Paris recommande que nous élaborions une liste de
représailles ciblées, qui provoqueraient quelques douleurs à l’UE -
puisqu’il s’agit d’une responsabilité collective - mais qui se
focaliseraient également en partie sur les pires [sic] coupables.

« Cette liste devrait [inclure des propositions] qui soient mesurées plutôt
que brutales et pouvant être durable sur le long terme, car nous ne devons
pas nous attendre à une victoire rapide. En effectuant des représailles il
sera clair que la voie suivie actuellement implique des coûts réels pour
les intérêts européens, et cela pourrait aider à renforcer les voix
européennes qui sont en faveur des biotechnologies », écrivait Stapleton,
qui détenait en co-propriété avec Bush l’équipe baseball de Dallas / Fort
Worth des Texas Rangers dans les années 1990.

Dans d’autres câbles récemment publiés, on apprend que des diplomates
américains du monde entier ont promu les cultures OGM, vues comme un enjeu
stratégique pour l’Amérique et son commerce extérieur.

De nombreux évêques catholiques dans les pays en développement étant
farouchement opposés à ces cultures controversées, les Etats-Unis ont
exercé des pressions visant tout spécialement les conseillers du pape.

Les câbles de l’ambassade américaine au Vatican montrent que les Etats-Unis
estimaient que le pape était devenu globalement favorable aux cultures OGM,
après une campagne d’intense lobbying sur les conseillers Saint-Siège, mais
regrettaient toutefois qu’il n’ait pas encore déclaré publiquement son
soutien. Le conseiller spécial sur les biotechnologies du Département
d’Etat américain et des conseillers du gouvernement sur les biotechnologies
ont fait pression pour convaincre des membres du Vatican de persuader le
pape prendre position publiquement.

« Il existe des possibilités de faire avancer cette question avec le
Vatican, et ensuite d’influencer un large part de la population en Europe
et dans le monde en développement », indique un câble.

Ces câbles montrent également les diplomates américains travaillant
directement pour des compagnies comme Monsanto. « En réponse aux récentes
demandes urgentes de Josep Puxeu [ ministre espagnol chargé de
l’agriculture ] et de Monsanto, le gouvernement américain a renouvelé son
soutien à la position de l’Espagne [...] sur les biotechnologies agricoles
par le biais d’intervention à haut niveau du gouvernement américain. »

Il ressort également que l’Espagne et les Etats-Unis ont travaillé en lien
étroit pour persuader l’UE de ne pas renforcer les lois sur les OGM. Dans
un câble <http://213.251.145.96/cable/2009/05...> de
l’ambassade de Madrid, on lit : « Si l’Espagne tombe, le reste de l’Europe
va suivre. »

Les câbles montrent que le gouvernement espagnol a non seulement demandé
aux Etats-Unis de maintenir la pression sur Bruxelles mais que les
Etats-Unis savaient
<http://213.251.145.96/cable/2009/10...> à l’avance
comment voterait l’Espagne, avant même que la Commission
espagnole de biotechnologie ne l’ait indiqué.

Publication originale : Guardian