2015, 2016 et 2017 sont les trois années les plus chaudes jamais observées, mais cela n’empêche pas les projets routiers climaticides de se poursuivre dans le bassin annécien...
Au mois de novembre dernier, 15.000 scientifiques du monde entier ont lancé un appel pour que l’on réduise rapidement nos émissions de gaz à effet de serre (GES), afin d’éviter « une souffrance généralisée ».
Au mois de décembre, le Président de la République, Emmanuel Macron, a déclaré à l’occasion du One Planet Summit à Paris sur le réchauffement climatique : « On est en train de perdre la bataille . Ceux qui étaient avant nous avaient une chance : ils pouvaient dire "on ne savait pas". Depuis une vingtaine d’années, on sait. »
Le 18 janvier, l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) a confirmé que 2017 est la deuxième année la plus chaude depuis le début des relevés météorologiques au XIXe siècle. En outre :
- 2017 est l’année la plus chaude hors El Niño (phénomène cyclique qui réchauffe le climat)
- Dix-sept des dix-huit années les plus chaudes appartiennent au XXIe siècle
- 2015, 2016 et 2017 sont les trois années les plus chaudes depuis le début des relevés, ce qui fait dire à l’OMM : « le rythme du réchauffement constaté ces trois dernières années est exceptionnel. »
Tout aussi effrayant est le manque de réaction de l’humanité en général et de nos élus locaux en particulier. En effet, de nombreux projets routiers sont prévus dans l’agglomération annécienne et ne pourront que favoriser le trafic routier et donc générer des émissions de gaz à effet de serre (GES) supplémentaires.
Dans le cas du tunnel sous le Semnoz, la dernière étude commandée par le département et l’agglomération (BG Ingénieurs, 2015), le confirme. Pour ne citer qu’un seul chiffre, cette étude montre qu’à l’horizon 2030 et en heure de pointe du matin, en prenant la moyenne des hypothèses et des tronçons entre Duingt et Sevrier, le tunnel génèrerait, par rapport à une situation sans tunnel, 48% de trafic supplémentaire (vous pouvez trouver le détail de ce calcul en annexe). Ce trafic induit amènerait autant d’émissions de GES supplémentaires, en totale contradiction avec les objectifs français et européens sur le climat. L’Union Européenne s’est fixée pour objectif à l’horizon 2030, non pas d’augmenter ses émissions de GES de 48%, mais de les baisser de 40% : énorme hiatus.
Le tunnel sous le Semnoz est donc clairement un projet climaticide, d’un autre temps (car comme dit le Président, aujourd’hui « on sait »), et si l’on voulait être bien certain de « perdre la bataille » on ne s’y prendrait pas autrement qu’en réalisant ce genre de projets. Or, des alternatives existent. Pour le cas de la rive gauche du lac : un transport en commun véritablement attractif et donc pour le moins en site propre intégral.
En 2015, quarante associations du département, parmi lesquelles celles du collectif pour un « Grenelle des transports et de la qualité de l’air du bassin annécien » dont font partie les Amis de la Terre, ont demandé un moratoire sur les projets routiers en Haute-Savoie, sans être entendus jusqu’ici.
Nous demandons une fois encore et avec force la suspension de ce projet de tunnel et de tout autre projet routier climaticide, et qu’une évaluation sérieuse de leur impact climatique soit réalisée, afin de laisser une chance à la planète et aux enfants de nos cours d’école, puisque ce sont bien eux qui seront en première ligne.
Annexe
Les chiffres de l’étude BG : « Projet de mobilité ouest : tunnel sous le Semnoz / BHNS 1508 / NVU »
1/ Les hypothèses
- Hypothèse basse : trafic stabilisé malgré la hausse de population et d’emploi
- Hypothèse haute : croissance du trafic liée à la croissance démographique (+13% entre 2015 et 2030)
2/ Les « situations »
- Situation 1, dite "actuelle" (2015). Donc équivalente à une prévision 2030 sans tunnel ni BHNS hypothèse basse
- Situation 2, dite "de référence" : prévision 2030 sans tunnel ni BHNS hypothèse haute
- Situation 3, dite "de projet global hypothèse basse" : prévision 2030 avec tunnel et BHNS hypothèse basse
- Situation 4, dite "de projet global hypothèse haute" : prévision 2030 avec tunnel et BHNS hypothèse haute
3/ Les prévisions de trafic
- En heure de pointe du matin
- Tronçon Duingt-Sevrier
- Dans le sens Faverges-Annecy
- Prévision pour 2030
- Comparaison avec ou sans tunnel+BNHS
Moyenne générale (pondérée) trafic induit : +48% (1190+770+980+670 / 830+440+740+430)
Par ailleurs, les chiffres montrent qu’avec le tunnel+BHNS, la saturation actuelle constatée sur la RD1508 entre Sevrier et Annecy (1040 véhicules/heure en heure de pointe du matin), censée être éliminée de la rive gauche, serait en fait déplacée entre St Jorioz et Sevrier, et probablement amplifiée (980 à 1190 véhicules/heure selon les deux hypothèses).
Le Dauphine Libéré se fait l’écho de notre analyse :